Association québécoise des critiques de cinéma
Membre de l’AQCC depuis de nombreuses années, Claire Valade a été critique à la revue Séquences pendant 20 ans, ainsi que pour la revue de cinéma canadien Take One dans les années 90. Elle œuvre dans le milieu culturel et cinématographique montréalais depuis la fin des années 80. Elle a collaboré plusieurs années au FNC et au Cinéma Parallèle/Excentris. Elle a conçu et programmé divers hommages de même que le dossier documentaire de la plateforme Vithèque du Vidéographe. Bien qu’elle gagne sa croûte comme réviseure et traductrice, elle est aussi scénariste et cinéaste à ses heures. Elle travaille présentement à l’écriture de son premier livre. Grande amoureuse du cinéma, elle est redevable à son père, Jean Valade, immense cinéphile, et à deux de ses professeurs, l’inimitable Rolland Haché, au cégep, et l’irremplaçable Marc Gervais, à l’université, qui lui ont transmis leur passion et lui ont appris à réfléchir le cinéma. Elle écrit aujourd’hui pour Panorama-cinéma.
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Quel est votre premier film marquant?
Je triche, je vous en donne trois.
Pour la petite enfance : FANTASIA de Disney. C’est le premier film que j’ai vu, avec mon père, grand cinéphile, à 2 ans et demi, au défunt Séville sur Ste-Catherine à Montréal. J’aurais dormi de grands segments, paraît-il, mais La nuit sur le mont Chauve m’a suffisamment marquée, j’en suis convaincue, parce que j’ai à ce jour une peur viscérale inexplicable de personnages aux yeux qui s’allument, du genre VILLAGE OF THE DAMNED. Ça vient forcément des terribles yeux jaunes du démon du mont Chauve. Totalement idiot, je le sais, mais je n’arrive pas à m’en départir. Il faut croire que ça remonte donc à très loin!
Pour le reste : deux films ont changé ma vie. STAR WARS, vu trois fois l’été de sa sortie en 1977 alors qu’il ne s’appelait pas encore « A New Hope ». J’avais 9 ans, et tous mes souvenirs d’avant sont ceux, très très lointains, d’une gamine. Tous mes souvenirs d’après, même s’ils remontent à près de 40 ans, me semblent, eux, avoir été vécus il y a quelques années, quelques mois, avant-hier! Et puis enfin, BLADE RUNNER, que j’ai bien dû voir 32 fois (la première toute seule, mon premier « 14 ans et plus » sans avoir à prétendre), mais où je découvre toujours de nouvelles choses.
Quelle est votre première critique publiée ?
Une critique de VIVA LA VIE de Claude Lelouch. Très précisément dans le journal L’Infomane du 24 septembre 1984, au cours de mon premier mois de cégep. Comment puis-je être aussi précise? Il faut remercier la maniaquerie de ma mère, qui a tout noté de nos réalisations, pour ma sœur et moi, depuis notre naissance. Peut-être un peu farfelu et, oui, embarrassant, d’un certain point de vue. Extraordinairement pratique quand on répond à des questionnaires de ce type. Qu’est-ce que je disais du film, par contre? Je n’en ai aucun souvenir. Et j’ai récemment mis au recyclage toutes mes vieilles copies de L’Infomane.
Quel est le rôle du critique de cinéma, selon vous ?
Trois choses. Offrir une certaine éducation cinématographique à nos lecteurs ou auditeurs en mettant le film en contexte (historique, culturel, artistique, au sein de l’œuvre du ou de la cinéaste, etc.) et en permettant de voir celui ci sous un jour plus vaste. Éclairer le film par un point de vue objectif qui tient compte de ce qu’on peut comprendre de la vision de l’auteur-e, mais reconnaissant tout de même la part de subjectivité intrinsèque à ce point de vue forcément imprégné de tout ce qui constitue la personne que l’on est (valeurs, éducation, goûts, culture, etc.) Essayer d’être juste par rapport à ce que l’auteur-e nous a donné à voir, dans ses forces et ses faiblesses, sans parti pris, qu’on adore ou qu’on déteste.
Quel est votre rituel d’écriture ?
Le même que pour tout autre type d’écriture que j’entreprends. Des notes à chaud. Beaucoup de réflexion. Puis le papier qui prend forme, l’argumentaire qui s’organise, les phrases qui s’écrivent, tout cela dans ma tête, au gré des jours — et des semaines, si je peux me le permettre. Une fois que tout est là, alors je déballe tout d’une traite à mon ordinateur. Relecture. Pratiquement jamais de brouillons ou de refontes, mais parfois le paragraphe d’ouverture se retrouve tout à coup en conclusion. Envoi. Puis l’angoisse commence. Évidemment, avec un tel processus, le problème se pose lorsque l’article refuse de prendre forme dans ma tête… Alors là, c’est plus compliqué…
Qui est votre critique ou théoricien de cinéma préféré ?
Je suis de l’école André Bazin. C’est l’influence de Truffaut sur moi, mais aussi celle de Marc Gervais, mon professeur de cinéma à l’université et mentor.
Dans quel film aimeriez-vous vivre ?
J’ai d’abord pensé : n’importe quel film de Wes Anderson (qui n’aimerait pas vivre au sein de ces merveilleux univers-pâtisseries). Ou encore MANHATTAN de Woody Allen, parce que j’aimerais bien être assise sous le pont de Brooklyn en noir et blanc. Mais je pense que j’aimerais vraiment vivre dans LA NUIT AMÉRICAINE de François Truffaut. Parce que c’est un plateau de cinéma mais aussi la vraie vie de son équipe. Parce que ce serait vivre dans un monde sublimé par la musique de George Delerue. Parce que ce serait aussi être tout près de Truffaut.
Quel cinéaste voudriez-vous inviter au cinéma ?
François Truffaut. Parce qu’il était un vrai fou de cinéma. Parce que ses films n’étaient pas toujours parfaits mais toujours mémorables. Parce qu’il était le plus humain et le plus passionné. Parce qu’il a aussi été critique. Et parce qu’un café avec lui à la sortie du film pour en discuter devait être absolument magique.
5 films internationaux préférés
Blade Runner de Ridley Scott
Caro Diario de Nanni Moretti
César et Rosalie de Claude Sautet
Jules et Jim de François Truffaut
Star Wars : A New Hope de George Lucas
5 films québécois préférés
À tout prendre de Claude Jutra
If you Love this Planet de Terre Nash
Les ordres de Michel Brault
La vraie nature de Bernadette de Gilles Carle
Zigrail d’André Turpin
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