Association québécoise des critiques de cinéma
Arrivé au Québec en 1976, Gérard Grugeau est venu à la critique par les chemins de traverse, même s’il fréquentait assidûment les salles du Quartier Latin durant son parcours universitaire (études anglophones) à Paris. Fidèle spectateur durant les heures glorieuses du Cinéma Outremont, il doit ses premiers écrits à sa rencontre avec Roland Smith et Marie-Noël Pïchelin, alors directrice des communications du mythique cinéma de l’avenue Bernard. Puis, invité à joindre le comité de rédaction de 24 images en 1987 par Claude Racine qui venait de racheter la revue, ce sera les débuts d’une participation continue et stimulante qui se poursuit encore aujourd’hui au sein de l’équipe menée par Philippe Gajan. En plus de se consacrer à la pratique critique, il est actuellement secrétaire de rédaction et réviseur pour 24 images. Sur le plan professionnel, il a été pendant plus de 35 ans dialoguiste de doublage (fictions, documentaires, animation, films corporatifs). Il est également rédacteur pour l’ONF et traducteur, notamment pour le Musée des beaux-arts de Montréal.
Quel est votre premier film marquant?
Hiroshima mon amour d’Alain Resnais, vu à l’âge de 8 ans dans un cinéma en plein air, lors de vacances estivales sur le littoral atlantique en France. C’était aussi l’époque des péplums qui me ravissaient les uns après les autres : Ben Hur, Spartacus, La chute de l’empire romain, Romulus et Rémus, Le Cid, Cléopâtre et Le voleur de Bagdad, que je voyais en matinée gratuitement au cinéma Voltaire, dans la rue de la Roquette, dans le XIe arrondissement de Paris.
Quelle est votre première critique publiée ?
Deux critiques parues dans la revue du Cinéma Outremont en 1986 : Mauvais sang de Léos Carax
et Double Messieurs de Jean-François Stévenin.
Quel est le rôle du critique de cinéma, selon vous ?
Le critique est un passeur entre l’œuvre et le public. Il offre une lecture des films et tente de rendre compte de l’expérience intime que les cinéastes ont tissée entre les images et le monde. La critique appelle une exigence de pensée et d’écriture. Elle invite à « rêver sur l’instrument du rêve », comme disait Cocteau et à « prolonger le plus loin possible le choc de l’œuvre d’art », selon la célèbre formule de André Bazin. Le critique cherche donc à retrouver et à transmettre par l’écrit l’essence d’un film et son inscription dans l’époque, car le cinéma est lié de façon indissociable au monde et à la collectivité humaine.
Quel est votre rituel d’écriture ?
Entre l’ordinateur et le frigidaire… attendre l’inspiration qui travaille souvent à mon insu et dépose soudainement en moi ses images. Dans la mesure du possible, je m’efforce de visionner un film 2 fois avant d’en faire la critique. C’est là un luxe que peuvent se permettre ceux et celles qui travaillent pour une revue.
Qui est votre critique ou théoricien de cinéma préféré ?
Serge Daney qui demeure pour moi une source d’inspiration à laquelle je reviens souvent. Et Jean-Louis Bory qui a été en France un fidèle de l’émission Le masque et la plume dès les années 1960 avant d’assurer, au Nouvel Observateur, les pages de la critique littéraire et de la critique cinématographique.
Dans quel film aimeriez-vous vivre ?
Les films de Fred Astaire et Ginger Rogers; les films chantés de Jacques Demy, sombres sous leurs atours rutilants.
Quel cinéaste voudriez-vous inviter au cinéma ?
Apitchatpong Weerasethakhul, parce que je m’absente parfois des films et que son cinéma invite le lâcher-prise. Il décloisonne tout entre la réalité et le rêve, les différentes temporalités et les différents états de conscience.
5 films internationaux préférés
Mort à Venise de Luchino Visconti
Pierrot le Fou de Jean-Luc Godard
Où est la maison de mon ami ? d’Abbas Kiarostami
Blissfully Yours d’Apichatpong Weerasethakul
The River de Tsai Ming-liang
Le jour de l’éclipse d‘Alexandre Sokourov
Beau travail de Claire Denis
Les films portugais de Manoel de Oliveira et Pedro Costa
5 films québécois préférés
À tout prendre de Claude Jutra
Le chat dans le sac de Gilles Groulx
Les ordres de Michel Brault
Bar Salon d’André Forcier
L’amour au temps de la guerre civile de Rodrigue Jean
Les démons de Philippe Lesage
Le meilleur du documentaire d’ici : Perrault, Brault, Arcand, Lamothe, Chabot, Léonard Forest, Tahani Rached, Lucie Lambert, Sylvain L’Espérance, Catherine Martin, Céline Baril, pour n’en nommer que quelques-un(e)s.
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