Association québécoise des critiques de cinéma
Né à quelque part entre le Manhattan de Woody Allen et Le Sacrifice d’Andreï Tarkovski (la moyenne donnerait à peu près E.T.), Sylvain Lavallée est détenteur d’un certificat en scénarisation de l’UQAM et d’une majeure en études cinématographiques de l’Université de Montréal. Il a écrit dans la revue et sur le blogue de Séquences, et il est maintenant rédacteur pour Panorama-cinéma. Il poursuit en parallèle un blogue personnel (ducinematographe.com) où il étale ses obsessions, de Stanley Cavell à Tom Cruise, en passant par les jeux vidéo, l’éthique de la représentation, l’image numérique, l’acteur, la critique, le cinéma d’action, etc.
Quel est votre premier film marquant?
Nombreuses réponses à cette question, la cinéphilie se déclinant en plusieurs temps, mais les principales images qui s’imprimèrent en moi, indélébiles, étaient toutes porteuses d’un mystère, un inconnu : il y a d’abord celles, entraperçues sur un écran de télévision meublant un décor où j’étais de passage, et qui, enfant, habitèrent mes cauchemars (un sorcier enfonçant sa main dans une poitrine pour en retirer le cœur encore battant; un masque noir qui, une fois retiré, révèle le visage livide d’un père mourant); un peu plus tard, sur un autre téléviseur, le mien, il y avait ces surhommes qui me fascinaient en m’entraînant dans leur monde d’une violence inouïe et, en particulier, celui qui, au cœur de la jungle, se bariolait le visage à la lueur du feu avant d’affronter un extra-terrestre meurtrier; et enfin, encore plus tard, ce fut ce monolythe noir, porteur d’un mystère insondable dans lequel je me plongeai pour ne jamais en ressortir, transformé à jamais à son contact, re-né en cinéphile (ce mystère, je le sais maintenant, c’est celui du cinéma, mais cela ne m’avance guère).
Quelle est votre première critique publiée?
Public Enemies de Michael Mann, pour Séquences en 2009
Quel est le rôle du critique de cinéma, selon vous?
La meilleure réponse est encore celle d’André Bazin : « La vérité en critique ne se définit pas par je ne sais quelle exactitude, mesurable et objective, mais d’abord par l’excitation intellectuelle déclenchée chez le lecteur : sa qualité et son amplitude. La fonction du critique n’est pas d’apporter sur un plateau d’argent une vérité qui n’existe pas, mais de prolonger le plus loin possible dans l’intelligence et la sensibilité de ceux qui le lisent, le choc de l’œuvre d’art. » Ou, en mes mots : plus qu’un défricheur ou un guide, le critique se définit par sa capacité à traduire en mots son expérience d’une œuvre, pour qu’à son tour le lecteur puisse faire sens avec la sienne (d’expérience).
Quel est votre rituel d’écriture?
Je n’en ai pas, ce qui explique peut-être ces longs moments, rythmés par le clignement inlassable d’un curseur sur une page blanche, passés à essayer de me rappeler les idées géniales fournies par la dernière insomnie, qui évidemment ne sont jamais géniales une fois examinées à la lueur du jour. Et puis, après un certain temps, un texte finit par se former, je ne sais trop comment.
Qui est votre critique ou théoricien de cinéma préféré?
Stanley Cavell avant tout, pas loin derrière André Bazin, Serge Daney, Gilles Deleuze… Aujourd’hui, Richard Brody au New Yorker.
Dans quel film aimeriez-vous vivre?
Aucun : le cinéma nous aide à mieux vivre en ce monde, ce serait le trahir que de vouloir y rester (danger que tous les cinéphiles connaissent bien).
Quel cinéaste voudriez-vous inviter au cinéma?
Apichatpong Weerasethakul, pour m’asseoir avec lui quelque part vers le centre-gauche dans une des premières rangées, somnoler ensemble (pour rattraper la dernière insomnie) et peut-être partager un rêve (le sien de préférence).
5 films internationaux préférés
Days of Heaven, Terrence Malick
The Awful Truth, Leo McCarey
War of the Worlds, Steven Spielberg
Johnny Guitar, Nicholas Ray
Mauvais Sang, Leos Carax
5 films québécois préférés
Pour la suite du monde, Michel Brault et Pierre Perrault
Yes Sir! Madame…, Robert Morin
À tout prendre, Claude Jutra
Les bons débarras, Francis Mankiewicz
La bête lumineuse, Pierre Perrault
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