Les nouveaux alchimistes
par Maxime Labrecque
Le jury AQCC (Maxime Labrecque, Zoé Protat et Sylvain Lavallée) a dû se pencher sur quatorze longs métrages de la sélection Les nouveaux alchimistes. Celle-ci porte le sous-titre : Expérimentation. Transformation. Ravissement. Guidés par ces mots-clés, les programmateurs ont pu réunir une variété d’œuvres de tous genres, qui ne nous ont pas laissés indifférents. L’éclectisme évident de la sélection permettait de ratisser large dans le spectre de l’expérimentation, afin de présenter quantité d’œuvres singulières. Ainsi, certaines penchaient davantage du côté de l’abstraction voire de l’essai cinématographique : From the Archives of the Red Cross de Mike Hoolboom en tête de liste, Acts and Intermissions d’Abigail Child, mais également How We Live de Gustav Deutsch, qui présente un touchant parcours naviguant au travers de plusieurs films de famille.
La thématique du voyage était présente dans la plupart des œuvres présentées, créant ainsi une cohésion appréciable, véhiculée de multiples façons ingénieuses. Que ce soit par le biais du documentaire, de la fiction, ou via un certain hybride difficilement définissable, les films sont parvenus à provoquer d’intéressantes discussions à tout coup. Certains films à la facture plus classique nous ont aussi charmé : l’attendrissant et minimaliste La nuit où j’ai nagé de Damien Manivel et Kohei Igarashi, qui présente l’histoire d’un gamin japonais qui fait l’école buissonnière par une journée d’hiver, de même que le road movie Sea to Shining Sea de Maximon Monahan, constituent des œuvres remarquables. D’autres proposaient un discours davantage politique, notamment l’intrigant et formellement audacieux Rey, L’histoire du Français qui voulait devenir roi de Patagonie de Niles Atallah ou le très actuel et nécessaire L’héroïque lande, la frontière brûle de Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval. Au final, les films sélectionnés offraient un panorama tout à fait appréciable qui permettait de voir ce qui se fait de plus audacieux dans le cinéma aujourd’hui. En ce sens, le gagnant du prix AQCC était Les garçons sauvages de Bertrand Mandico, pour sa luxuriance visuelle, son envoûtant voyage initiatique et pour sa réactualisation du surréalisme.