Yves Lever qui remporte prix de l’Association québécoise d'études cinématographiques, pour son livre sur le cinéma et la Révolution tranquille.
En juillet, l’association de la critique a perdu un autre membre, Yves Lever. Moi, j'ai perdu un collègue d’enseignement (au Collège Ahuntsic, de 1974 à 2003); j’y reviendrai. Yves Lever est un membre fondateur, dès 1973, de l’AQCC; à ce moment il est un critique régulier pour la revue Relations (revue des Jésuites). Il publie en 1972 Cinéma et société québécoise (aux Éditions du Jour); dans ce livre Yves reprend plusieurs critiques et textes publiés dans Relations et il établit clairement son statut de critique au Québec. Il joue un rôle significatif dans la naissance de l’association; ainsi Yves sera vice-président de l’association en 1974-1975, administrateur en 1977-78, puis trésorier de 1979 à 1981. On lui demande un texte pour la publication La critique et le cinéma au Québec; ce texte se nomme « Histoire de la critique au Québec ». L’historien Lever fait ce qu’il fait de mieux. Cette publication est de 1990; Yves est toujours membre de l’AQCC. Il quitte l’association en 1995. Il va alors s’atteler à l’écriture de son Histoire générale du cinéma au Québec.
Yves, en plus de son travail d’enseignant, était un chercheur infatigable. Nous avons collaboré sur deux ouvrages, dont Chronologie du cinéma au Québec, 1894-2004 (2006). Et je peux témoigner de sa rigueur, autant dans l’écriture que dans la recherche comme telle. Dans ce travail à quatre mains on se corrigeait l’un l’autre, mais je dois dire qu’Yves était comme le grand correcteur de l’ensemble du livre. Yves va demeurer comme un grand historien de notre cinéma national, avec la publication d’au moins une dizaine d’ouvrages. Les plus importants sont : Une histoire générale du cinéma au Québec (1995), Le cinéma de la Révolution tranquille (1991) et Anastasie ou la censure du cinéma au Québec (2008). Son dernier ouvrage, une biographie de Claude Jutra (Boréal, 2016), a fait bien du tapage, bien au-delà de ce qu’Yves prévoyait et souhaitait. Il n’a jamais voulu qu’on efface le nom de Jutra. Mais cela ne lui appartenait plus. Au total, ses ouvrages resteront des références, des modèles, dont l’importance et la valeur n’ont d’égal que la passion de chercheur qui l’animait. La passion de l’enseignement l’animait aussi; ses nombreux anciens élèves pourraient en témoigner, Jean-Marc Vallée en particulier. Je l’avais engagé pour m’aider à lancer un programme en cinéma et le faire avec compétence et passion; il l’a fait.
En conclusion, je crois bien que les bibliothèques de collèges et publiques conserveront ses livres au bénéfice de notre mémoire collective.