Association québécoise des critiques de cinéma
Formée en design de mode, histoire de l’art et études cinématographiques, Marie Claude Mirandette enseigne le cinéma et l’histoire de l’art au collégial et collabore à plusieurs revues culturelles. Ses domaines de prédilection sont : l’interartialité (cinéma, arts visuels et théâtre), le cinéma d’animation, l’art marionnettique et l’estampe. Elle aime tout ce qui surprend, décoiffe, dérange, ose des esthétiques nouvelles et des avenues insoupçonnées, tout en explorant l’expérience humaine et sociale avec justesse, finesse et… un peu d’excès? Groupie assumée de Jim Jarmusch, Tilda Swinton et Benedict Cumberbatch, elle joue au curling et cultive l’éclectisme, immodérément.
Quel est votre premier film marquant ?
Mes plus lointains souvenirs cinématographiques sont flous. Ils furent nombreux pourtant, en programme double, le samedi après-midi au cinéma Vénus de Joliette qui, le soir venu, présentait des films pour adultes. Je garde par contre un souvenir impérissable de plusieurs films vus à la télé (surtout sur Radio-Québec et PBS) à la fin de l’enfance et durant l’adolescence, en particulier If avec Malcolm McDowell. Et ceux de Fellini, dont l’univers plus grand que nature – et la beauté de Marcello! – me fascinait.
Quelle est votre première critique publiée ?
À titre professionnel, un texte sur l’édition 2002 de FIFA.
Quel est le rôle du critique de cinéma, selon vous ?
Un passeur, une boussole, un éclaireur, un allumeur de réverbères (idem que celui de prof).
Quel est votre rituel d’écriture ?
Griffonner notes et dessins dans un petit calepin dans le métro, sur un banc de parc, dans un hall de cinéma entre deux films, noircir du papier de 1001 idées pêle-mêle, puis m’asseoir à l’ordi pour tout retranscrire. Et au final, n’en rien garder, ou si peu. C’est rarement bon, une première idée, mais ça permet d’entamer un processus…
Qui est votre critique ou théoricien de cinéma préféré ?
Parce que fan de films noirs et de romans policiers, j’ai beaucoup lu François Guérif, que j’ai eu la chance d’interviewer quand je sévissais au Devoir (littérature). Mais pour être franche, je n’ai pas de critique préféré et en lis généralement assez peu, surtout avant d’aller voir un film, question de ne pas louper l’expérience.
Dans quel film aimeriez-vous vivre ?
Dans n’importe quel film de Woody Allen se déroulant à New York, préférablement au printemps ou à l’automne. Parce que c’est New York, parce que c’est Woody. Mais pas à Coney Island. Et pas si Sly Stallone est dedans. Disons dans Hannah & Her Sisters, pour aller réentendre Bobby Short au Café Carlyle. Ou assise sur un banc de Gramercy Park avec un roman… de Paul Auster.
Quel cinéaste voudriez-vous inviter au cinéma ?
Un qui ne parle pas pendant, je dé-tes-te les gens qui parlent pendant. Mais si c’est pour discuter après, sans hésitation, je réponds : Martin Scorsese.
5 films internationaux préférés (quelle question cruelle!)
The Thin Red Line de Terrence Malick, LE film que j’aurais voulu réaliser
Satantango de Béla Tarr, parce que c’est Tarr, parce que c‘est Satan, et que, conséquemment, ça ne peut qu’être sublime ! Je pourrais mettre ici tous les Tarr (et si la tendance se maintient, tous les László Nemes).
L’Aurore de F. W. Murnau et Andreï Roublev d’Andreï Tarkovski, qui exemplifient la capacité inégalée du noir et blanc à évoquer toute la palette des nuances et des couleurs
Heaven’s Gate de Michael Cimino et The Man Who Shot Liberty Valence de John Ford, deux moments décisifs de la revisitation du paradigme westernien
The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford de Andrew Dominik, parce qu’après Cimino et Jarmusch (Dead Man), je n’aurais jamais pensé être autant remuée par un western crépusculaire (et parce que ce DP – Roger Deakins – est un putain de peintre de génie !)
Nightwatching de Peter Greenaway, parce que c’est Rembrandt – avec Caravage, le premier cinéaste ou peintre de la lumière ! – et pour Martin Freeman, qui y est d’une vérité à couper le souffle, avec juste ce qu’il faut de vulgarité. Peu de peintres se sont aussi souvent représentés, et pourtant, quand je pense à Rembrandt aujourd’hui, c’est Freeman que je vois !
5 films québécois préférés
Le Météore (toute l’œuvre) de François Delisle
Ceux qui font les révolutions à moitié… de Mathieu Denis et Simon Lavoie (ces deux jeunes hommes me flabergastent !)
Mommy de Xavier Dolan (une fulgurance qui nourrit tous les espoirs)
Le chat dans le sac de Gilles Groulx et À tout prendre de Claude Jutra, ex aequo (amorcer une cinématographie nationale avec autant de promesses et de fougue, ce n’est pas rien…).
Et une mention spéciale pour Tu m’as crié Let me Go! d'Anne Claire Poirier, une démarche extrême qui me chamboule à chaque fois, quelque chose comme un uppercut filmique. Merci ACP et merci AQCC de m’avoir donné la chance de présenter ce film à la CQ dans le cadre des célébrations de tes 40 ans !
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