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Association québécoise des critiques de cinéma

La critique à la radio par Élie Castiel

Nous poursuivons nos publications par un texte signé Élie Castiel à propos de la critique cinématographique à la radio.

La critique à la radio:
possibilités et impossibilités

par Élie Castiel

Un préambule s’impose. Tout d’abord, UNE critique désigne l’article ou le commentaire de fond présentant un film et, par là même, le jugeant. Ensuite, par LA critique, on comprend l’ensemble des critiques dont la tâche est de rédiger des critiques. Finalement, LE ou LA (on remarquera qu’au féminin, ce métier, du moins ici, au Québec, laisse facilement deviner une pénurie de talents cachés) critique est simplement la personne désignée pour faire une critique.

On démolit un film ou on l’encense. Je parle ici de la critique objective (est-ce d’ailleurs possible ou réaliste d’être objectif dans cette « profession »?). Je devrais plutôt dire « constructive ». Je ne parle pas des chroniqueurs ou des chroniqueuses dont l’essentiel de leur travail est de rapporter les faits tels qu’enregistrés qui, très souvent, servent de tremplins promotionnels aux films projetés ou annoncés.

La critique constructive existe donc. Elle s’efforce de présenter une œuvre cinématographique dans son contexte historique, artistique et social tout en transmettant les coups de cœurs ou les émotions vécues. C’est une question de foi et pas autre chose. Mais, il faut bien l’avouer, l’opinion des critiques n’est pas toujours suivie du public. Est-ce souhaitable, par exemple, de démolir un Spielberg, un Serreau ou un Allen? Bien souvent, le spectateur se fera une idée du film par d’autres voies que la critique. Notamment par les « expériences » passées ou le bouche à oreille.

Est-ce possible, à la radio, de faire un commentaire approfondi sur une œuvre cinématographique? Compte tenu des écueils auxquels on doit faire face, il faut très souvent y aller par quatre chemins, conscient qu’on risque de se perdre (sans que cela paraisse) en cours de route, et ce, pour plusieurs raisons:

Les feuilles de route sont détaillées et on doit les suivre précisément;

  • Tout comme un repère apparaît sur l’image en fin de bobine, pour indiquer au projectionniste qu’il est  déjà temps de changer de rouleau, les messages publicitaires à la radio signalent qu’il est temps qu’on s’arrête de parler;
  • Il faut se demander ce que veulent savoir les gens qui écoutent une émission de cinéma et à quel genre d’auditoire on s’adresse;
  • Il faut toujours éviter de répéter ce qui a déjà été dit ailleurs (dans les journaux, les revues, à la télévision ou dans d’autres émissions radiophoniques);
  • À moins d’une entrevue « passionnante » avec une « personnalité » du milieu cinématographique, on ne peut se permettre de parler sur les ondes plus de sept minutes à la fois. Est-ce assez pour analyser un film à fond?On peut toujours s’y reprendre après une pause, mais le manque de continuité risque parfois de faire « décrocher »;
  • Les postes MF ont pour objectif de diffuser le plus de musique possible. Comment programmer et surtout « bâtir » une émission exclusivement consacrée au cinéma dont le but essentiel est d’informer l’auditoire?

Mais toutes ces petites tumeurs ne sont pas malignes pour autant, puisque la solution se trouve dans l’ellipse, l’esprit de synthèse. Car être bon public, tout comme être bon auditeur, signifie être particulièrement réceptif aux conclusions qu’a recherchées le metteur en scène ou, comme à la radio, celui ou celle qui est au micro.

É.C.

 
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À l’occasion de notre quarantième anniversaire et dans le cadre de la tenue d’une table ronde sur la critique qui a eu lieu le samedi 7 décembre 2013 à la Cinémathèque québécoise, nous avons pensé utile de retranscrire quelques uns des textes qui avaient été publiés en 1990 par l’Association québécoise des critiques de cinéma, dans un fascicule intitulé La critique et le cinéma au Québec.

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