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Association québécoise des critiques de cinéma

Hommage à Luc Perreault : Témoignage de Bertrand Tavernier

 

 

 

Photo : La Presse

 

La première et l’une des plus grandes qualités de Luc Perreault — et qui est moins commune, moins partagée qu’on pourrait le penser — est qu’il approchait chaque film comme s’il était présumé innocent. Ce qui est le premier fondement d’une vraie justice, d’une vraie démocratie.

Certes, il avait ses têtes et, parmi elles, certaines qu’il admirait moins que d’autres. Et à rebours, il y avait tout un groupe de cinéastes qui faisaient partie de sa famille. Mais jamais on ne sentait que ses convictions avaient ou allaient prédéterminer son article. On n’avait jamais l’impression que la critique avait déjà été en partie conçue avant de voir le film.

Cet homme érudit, cultivé, qui m’a fait connaître Gabrielle Roy, avait une immense qualité : il aimait être surpris et, cette surprise, il aimait la communiquer à ses lecteurs. Car, il faut le répéter, Luc Perreault écrivait d’abord pour ses lecteurs. Pour les éclairer, les guider, être compris par eux. Il existe des critiques, surtout en France mais j’en connais quelques uns aux USA ou en Italie, qui écrivent moins pour leurs lecteurs que pour une petite bande de copains généralement d’accord avec eux et qu’ils veulent épater. Surtout leur montrer qu’ils ne sont pas dupes, qu’ils sont plus brillants. Et que je t’exécute une œuvre à grands coups de jeux de mot, de jugements définitifs à l’emporte-pièce. Peu importe que l’auteur ait signé auparavant des films ambitieux, personnels. Ce qui compte, c’est ce qui va faire rire les potes.

Luc Perreault aimait éclairer, explorer. Il a défendu avec passion et chaleur le cinéma québécois et je lui dois la découverte de plusieurs films. Il pensait, comme Bob Woodward, que le principal ennemi du journaliste est l’information. Donc il vérifiait, il n’écrivait pas au flanc. Éreinter ne le comblait pas de bonheur. Il me fait penser à Roger Ebert, cet honnête homme qui a défendu tant de bons films avec des arguments qui portaient, qui touchaient son public et avec passion. Car, pour lui comme pour Vladimir Jankélévitch, la passion était la distraction du cœur.

Bertrand Tavernier
27 juillet 2017

 

 

Bertrand Tavernier
cinéaste

Né le 25 avril 1941 à Lyon, Bertrand Tavernier est un réalisateur, scénariste, producteur et écrivain français, président de l'Institut Lumière. Il est le père du réalisateur et comédien Nils Tavernier et de la romancière Tiffany Tavernier.

Fils de l'écrivain et résistant René Tavernier, il fut d'abord assistant réalisateur, attaché de presse et critique avant de passer à la mise en scène avec L'Horloger de Saint-Paul. Ce film fut le début d'une longue collaboration avec l'acteur Philippe Noiret (Que la fête commence, Le Juge et l'assassin, Coup de torchon, La Vie et rien d'autre, La Fille de d'Artagnan) et son premier succès critique. Éclectique, il a abordé plusieurs genres cinématographiques, de la comédie dramatique (Un dimanche à la campagne, Daddy Nostalgie) au film de guerre (Capitaine Conan) en passant par le film historique (Laissez-passer, La Princesse de Montpensier) ou le polar (L.627, L'appât). Plusieurs de ses films ont été récompensés, en France et à l'étranger (dont Autour de minuit, qui remporta un Oscar et fut nommé aux Golden Globes).

Cinéphile passionné, il a écrit plusieurs ouvrages importants, notamment sur le cinéma américain, donne de nombreuses conférences et participe régulièrement à des bonus DVD. Dans les années 60, il fut l'un des premiers à aller interviewer des réalisateurs étrangers et à analyser thématiquement leurs filmographies. Outre les metteurs en scène connus, tels John Ford, Raoul Walsh ou John Huston, il contribua à faire connaître en France Delmer Daves, André De Toth ou Budd Boetticher (dont il programmait les films avec son ciné-club, le Nickel Odéon) et participa, entre autres avec Martin Scorsese, à la redécouverte de l’œuvre de Michael Powell. En outre, il engagea pour ses films des scénaristes français des années 50 comme Jean Aurenche ou Pierre Bost.

(www.franceculture.fr/personne-bertrand-tavernier.html)

 

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